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La Confédération des Grossistes de France engage ses adhérents sur la RSE 

Le souhait exprimé par la CGF (confédération des grossistes de France) de voir les fédérations professionnelles, placées dans son orbite, sensibilisées à la RSE est intéressant.

Voici une confédération, qui regroupe une trentaine de fédérations professionnelles de grossistes représentant tous les secteurs d’activités et toutes les filières de l’économie, soit près de 160.000 entreprises essentiellement des TPE/PME employant près d’1 million de salariés et totalisant plus de 900 milliards de CA, dont le poids massif dans l’économie française justifie de porter attention à ses engagements.

On conçoit aisément que la RSE par son amplitude disciplinaire puisse être devenue un sujet d’intérêt pour la CGF et par extension pour ses fédérations adhérentes.

« Peser » 1 million de salariés implique de ne pas faire l’impasse sur les conditions de travail, la sécurité au travail, les modalités pratiques d’inclusion au travail ou de respect des différences et communautés.
Il s’agit aussi de sensibiliser des salariés à des enjeux qui dépassent le simple cadre de leurs entreprises d’appartenance et dont la non prise en compte pourrait être préjudiciable à l’entreprise voire à un secteur d’activités dans son ensemble.

Représenter 900 milliards d’€ de CA soit un montant équivalent à 30% du PIB de la France oblige à l’exemplarité tout en multipliant les obligations qui peuvent parfois être vues comme des contraintes.
Derrière ces montants se nichent des TPE/PME qui ne disposent pas toujours de la taille, des équipes et des moyens pour connaitre, absorber et appliquer la multiplicité des concepts qui sous-tendent la RSE.

Si on y ajoute les obligations découlant de la directive européenne définissant la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive ou Directive sur les rapports de développement durable des entreprises. Cette directive européenne pose une nouvelle méthodologie de publication des données des entreprises en matière sociale, environnementale et de gouvernance (ESG)).

Et si certaines entreprises peuvent y voir un outil de communication efficace quant à la mise en lumière de leurs actions et performances en faveur du développement durable, d’autres peuvent considérer cette directive comme un coût supplémentaire et une contrainte qui n’est pas toujours compatible à un contexte économique jugé difficile.

Il est donc tout à l’honneur de la CGF d’avoir voulu engager une démarche de sensibilisation institutionnelle pour donner un maximum de cartes dans le jeu de la RSE à ses adhérents et à leurs entreprises.

Les fédérations des entreprises grossistes sont généralement conscientes des apports de la RSE.
Elle permet de crédibiliser une image de marque et d’éviter le reproche du green-washing que pratique de nombreuses entreprises.
Elle a un impact financier certain dans l’obtention de concours financiers, les investisseurs et banques étant, eux aussi, très sensibles à leur propre « CSRD » et ne souhaitent pas dégrader leurs performances en soutenant des entreprises qui ne seraient pas exemplaires sur ces points.

Elle a un impact opérationnel important en permettant de se différencier de la concurrence – on le voit au travers de campagnes publicitaires qui n’hésitent plus à mettre en valeur des pratiques ou des responsables RSE comme représentants de l’entreprise et de son ancrage sociétal. Cet impact opérationnel permet d’influencer de façon positive le développement commercial des entreprises en devenant un atout mis en avant dans la conquête de nouveaux marchés.

La RSE est aussi une incitation à la vigilance dans ses rapports avec les partenaires des entreprises, du fournisseur au sous-traitant, qui doivent aussi participer à cette quête d’exemplarité. C’est un point important pour des grossistes qui sont à la croisée des chemins entre les producteurs, les distributeurs et les consommateurs finaux. Cette vigilance n’est au demeurant pas une contrainte inutile et doit être vue comme une incitation à l’innovation ou à la recherche de nouveaux partenaires au détriment de ceux qui pourraient être sources de risques commerciaux, de parasitisme ou de déficit d’images pour les entreprises qui ne seraient pas suffisamment attentives.

L’intérêt pour la RSE de la part de la CGF n’est donc pas un épiphénomène qui serait simplement guidé par l’envie de démontrer l’existence d’une initiative sans que celle-ci soit poursuivie dans le temps.

Cette approche menée par le président de la CGF Philippe Barbier et sa directrice générale Isabelle Bernet-Denis ne manque pas d’audace car convier des adhérents à participer à une Fresque de la RSE présentée par la fondation Oïkos (www.fondationoikos.org) ou se faire présenter par RSE Conseil les prestations qui peuvent permettre d’accompagner une démarche RSE et d’insérer celle-ci dans l’ADN des entreprises est toujours un exercice délicat. Il faut savoir rester dans les limites d’un exercice et ne pas transformer celui-ci en leçon donnée à des entreprises, ce qui aurait un effet contraire à celui recherché, mais plutôt en rappel de bonnes pratiques et de réglementations dont le respect ne peut être que positif.

Il sera intéressant d’observer dans les mois qui viennent les enseignements qui en auront été tirés par les entreprises « grossistes ».

nicolas-leregle

Avocat au barreau de Paris, Associé RESPONSABLES

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