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L’Afrique, nouveau terrain de jeu de la RSE

Le continent africain est un territoire faussement vierge pour la RSE. La tendance « naturelle » serait de croire que la situation économique de ce continent justifie de faire passer au second rang de ses préoccupations la RSE qui apparaitrait comme une problématique de pays riches ne concernant pas les nations en voie de développement. Cette approche est bien connue et a justifié de nombreuses exactions ou comportements discutables d’entreprises occidentales qui s’affranchissaient en Afrique de règles de droit social ou autres qui s’appliquaient dans leur pays d’origine.

Le recours à une main-d’œuvre sous-payée et parfois maltraitée, dont le travail des enfants est un exemple courant, voire plongée dans un environnement risqué et dangereux. La tentation d’exporter en Afrique les rebuts, déchets et résidus de ses industries au motif d’un coût de traitement qui serait vu comme trop onéreux dans le pays de production. L’exploitation voire la surexploitation de ressources naturelles, souvent minières, au détriment de l’environnement des populations voisines voire quand il n’est pas question d’obérer de façon pérenne leur futur. On a le sentiment que la formule « Observez donc et faites tout ce qu’ils vous diront, mais ne faites pas ce qu’ils font, car ils disent ce qu’il faut faire et ne le font pas » (Évangile selon saint Matthieu – chapitre XXIII, versets 2 et 3) est d’une parfaite application.

Ce constat qui est encore valable est cependant en cours d’évolution. Le développement des ONG environnementales qui pointent les dérives des entreprises a grandement facilité une prise de conscience, d’abord des clients finaux, puis des entreprises elles-mêmes qui ne pouvaient rester impassibles face aux risques de mauvaise publicité que leurs comportements pouvaient engendrer. Le déversement de déchets toxiques dans le port d’Abidjan, l’envoi de déchets textiles sous couvert de réutilisation au Sénégal, le travail forcé des Ouïghours en Chine ou des enfants en Inde pour des marques de chaussures ou de textiles, les exemples sont multiples et sont de moins en moins tolérés tant par les populations concernées par ses dérives que par les opinions publiques des acheteurs des articles ainsi produits.

Le slogan du « faites chez nous comme vous faites chez vous » pourrait rapidement s’imposer comme une règle de fonctionnement et de développement RSE en Afrique et dans d’autres régions.  Cela serait logique au regard de la présence dans ces pays d’entreprises occidentales qui n’ont que les mots éthique, développement durable, qualité de vie au travail, etc. à la bouche.

Conseillant une entreprise toulousaine spécialisée dans les logiciels géomatiques (www.astradal.com) dans ses développements en Afrique centrale et de l’Ouest (Cameroun, Côte d’Ivoire, Ghana…)il m’a été donné de constater que, si beaucoup reste encore à faire, le processus de rapprochement des pratiques est en cours. L’émergence de conscience citoyenne (et de revendications en rapport) vient en quelque sorte se substituer à des engagements politiques qui ne sont pas toujours lisibles. Il apparait plus facile de revendiquer un accès à l’eau potable, à une énergie abordable ou à des conditions de travail décentes que de demander un changement de régime ou de personnels politiques ; tout en s’apercevant qu’in fine les deux approches se rejoignent.

Les logiciels géomatiques permettant de cartographier des réseaux secs (électricité, téléphonie…) ou humides (eau), des espaces verts ou natures protégés ou à préserver, de déceler des ressources naturelles (forestières, halieutiques…) offrent des clefs de lectures environnementales intéressantes et des perspectives d’enrichissement économique d’un pays. L’introduction dans le discours de la RSE s’impose alors naturellement en appui.

L’enrichissement aujourd’hui ne peut plus être de la prédation incontrôlée et doit, pour profiter au plus grand nombre, être documenté et administré.

À partir de là, susciter une adhésion citoyenne nécessite d’adopter une approche qui soit sociétale et responsable pour s’inscrire dans la durée.

La demande de ces pays est alors forte pour disposer des outils qui vont permettre un travail d’appropriation pédagogique tant par les élites politiques ou économiques que par le plus grand nombre, essentiellement la jeunesse très largement majoritaire. Ces outils existent et la présence de plus en plus importante d’étrangers lors, par exemple, du Congrès International de la RSE, organisé par la Fondation Oïkos (16/17/18 octobre 2024 à Toulouse) (contact@congresinternationaldelarse.com), doit être interprétée comme un signe annonciateur qui ne trompe pas, ce qui se fait ici devra aussi se faire là-bas !

nicolas-leregle
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Avocat au barreau de Paris, Associé RESPONSABLES

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