L’Aderse est l’association académique consacrée à la recherche et l’enseignement de la RSE. Tous les ans, elle organise un congrès scientifique qui cette année se tenait à Bordeaux, accueilli par le laboratoire en sciences de gestion IRGO.
Timothée Duverger (IEP Bordeaux), Jean-Marie Cardebat (BSE), Céline Viollet-Cauchi (Metapolis, CEC), Jean Charles Rinn (ADAM), Sylvain Humilière (La Société Nouvelle), Fernanda Pereyra (Afnor) ; animée par Marine Portal.
La notion de responsabilité territoriale (RTE) émerge au croisement de plusieurs influences et visions, marquant une volonté de changement profond, dans la manière dont nous concevons nos territoires. De plus en plus, il est question de passer d’une vision utilitariste du territoire à une approche où le territoire est perçu comme un lieu de vie à préserver, où les activités économiques cohabitent avec les préoccupations sociales et environnementales.
Pour les entreprises, il importe de prendre conscience de leur impact sur leur environnement, en reconnaissant l’existence de parties prenantes et en intégrant des préoccupations éthiques et climatiques. Cette transition vers une responsabilité territoriale implique également les acteurs locaux, comme le montre le travail de la société de conseil Vertigo Lab sur la mesure d’impact, qui vise à évaluer les conséquences des activités économiques d’une entreprise sur son territoire. L’implication des parties prenantes dans cette dynamique apparaît cruciale, car elle favorise une symbiose entre l’économie locale et son environnement. Les entreprises ont tout intérêt à préserver et valoriser le territoire sur lequel elles opèrent, tandis que le territoire bénéficie de leur activité économique. Cette interaction prend ainsi une place importante dans la réflexion sur la responsabilité territoriale.
Si l’on souhaite passer à une économie de la post-croissance, il est nécessaire de repenser notre organisation, en passant d’une logique de profit à une logique de besoins. Cela implique la résolution de questions politiques majeures, et une transition vers une vision collective du territoire, où les entreprises agissent en coopération avec d’autres acteurs au service du bien-être commun. Cette coopération nécessite la mise en place d’outils de mesure d’impact, comme le logiciel développé par OKO-Metapolis et qui permet de quantifier les effets des activités économiques des collectivités sur leur territoire. Cependant, mesurer l’impact social et environnemental de manière précise et pertinente demeure encore un défi. En cela, il est indispensable de tenir compte des spécificités locales et des enjeux socio-économiques propres à chaque territoire.
La responsabilité territoriale (RT), tant des entreprises que des collectivités, émerge comme un paradigme permettant d’envisager sous un nouveau jour les conditions d’un développement économique, écologique et social. Elle invite à repenser nos modèles de développement et à placer les préoccupations de préservation et développement au cœur des décisions et des actions des acteurs territoriaux.
Stéphane Trébucq est professeur des universités, en poste au sein de l'IAE de Bordeaux et de l'Université de Bordeaux, rattaché au laboratoire IRGO - Institut de Recherche en Gestion des Organisations. Il est actuellement responsable du projet RSE en PME, et de l'axe transition écologique au sein du regroupement des laboratoires en sciences de gestion de Nouvelle-Aquitaine. Il est par ailleurs responsable de la chaire capital humain et performance globale, et co-rédacteur en chef des revues classées Recherche et Cas en Sciences de Gestion (RCSG), et Gestion et Management Public (GMP). Il a récemment présidé le conseil scientifique du congrès RSE de la fondation Oïkos et la remise du prix des Immatériels de l'Observatoire des Immatériels. Ses recherches et publications sont consacrées à la RSE et aux nouveaux outils de gestion intégrant les problématiques de durabilité et de performance globale.
Benoît Vergne est étudiant du master RSE à l'IAE de Bordeaux.