Interview Bertrand Coty
Jérémy Coron, vous publiez aux éditions Eyrolles, Votre cerveau n’est pas programmé pour être productif. Quels sont les apports de neurosciences à votre propos ?
Mon approche, la neuro-productivité, repose sur 3 disciplines : les neurosciences, la psychologie évolutive, la physiologie.
Ces domaines montrent tous trois l’inclination naturelle de notre cerveau à la recherche de survie, et à l’économie d’énergie.
Dans un monde où l’ultra productivité, ces programmations ancestrales de notre encéphale sont souvent oubliées, ce qui nous place dans une société moderne où l’accent est placé sur le « toujours faire plus », à négliger notre sommeil, la qualité de notre alimentation et notre santé au profit du travail, des écrans et des divertissements et où il est admit que la productivité passe uniquement par l’utilisation d’outils, de méthodes ou de logiciel.
Autrement dit, nous avons retiré l’humain de l’équation de la productivité, ce qui est dramatique et dangereux.
Toute mon approche vise à replacer l’homme et ses besoins à la base de la pyramide de la productivité.
La productivité est-elle liée au fonctionnement du cerveau, et sinon quelle est sa fonction première ?
Le cerveau est programmé pour la survie. Cette programmation le pousse à rechercher autant que faire se peut l’économie d’énergie, les ressources énergétiques étant son levier d’action principal pour faire face à toute menace éventuelle (physique comme psychologique).
Le cerveau est donc une formidable machine à conserver l’énergie, et à éviter de se lancer dans des actions qui n’assurent aucune rentabilité. Comprenez ici aucune augmentation de ses ressources disponibles : + temps, + d’argent, + de confort, + de relations.
C’est ainsi que ce que la procrastination, le manque de concentration ou encore la démotivation – que considérons comme des problèmes – sont des mécanismes qu’actionne notre cerveau pour nous faire éviter une dépense énergétique non rentable.
Procrastination : la tâche demande de l’énergie à un instant T, mais n’apporte aucun bénéfice immédiat.
Déconcentration : la tâche mobilise beaucoup de ressources énergétiques, sans contrepartie.
Démotivation : l’écart entre la réalisation de la tâche et la promesse de récompense est trop grand.
Pour une meilleure productivité, quels sont vos conseils principaux ?
Commencer par augmenter ses ressources physiologiques, donc notre quantité d’énergie disponible, car plus cette quantité sera élevée, plus notre marge de manœuvre pour faire accepter des efforts à notre cerveau sera élevée.
Cela implique le respect d’un sommeil de qualité, d’une alimentation adaptée, et d’un niveau d’activité physique quotidien suffisant.
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Jérémy Coron est diplômé d’un MBA en management des ressources humaines et est formé en programmation neurolinguistique et en neurosciences appliquées aux processus décisionnels. Il accompagne les dirigeants à atteindre leur niveau de productivité maximal au travers de la compréhension du cerveau, de l’alimentation et du sommeil. Il anime un podcast hebdomadaire et a créé plusieurs formations.