Lors de son voyage en Chine il est rapporté que le chancelier allemand s’est vu répondre par le président chinois cette citation « Un homme politique doit avoir la sérénité pour vivre avec ce qu’il ne peut pas changer, le courage de changer ce qu’il peut changer et la sagesse de discerner les deux » (Helmut Schmidt) et ce au moment où était abordée la question des droits de l’homme.
Le sous-entendu est pour le moins clair, la vision chinoise des droits de l’Homme ne se reconnait pas dans son approche occidentale édictée entre autres par les Nations Unies dans leur Charte et certainement pas plus que dans notre Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui sert de préambule à notre Constitution. Notre tendance à l’universalisme de nos opinions n’est pas récente même s’il y a 400 ans Pascal nous rappelait déjà « vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ».
Le respect des droits de l’Homme est une composante essentielle de la RSE. On le voit depuis quelques mois avec les informations en provenance du Qatar sur le traitement infligé aux travailleurs des chantiers du Mondial. Mais, sans aller aussi loin, les conditions de travail de travailleurs, parfois très jeunes, en Inde, au Bangladesh, en Afrique ou en Asie ont interpelé de nombreuses entreprises, parfois parce que des associations sont venues leur tirer les oreilles, qui ont cherché à mettre en place des barrières face à des situations qui pouvaient devenir commercialement contreproductives aux yeux de leurs clients occidentaux. La question de l’universalité de la RSE peut donc se poser et se justifie même.
La RSE vise à promouvoir une société dans laquelle les entreprises vertueuses et éthiques se développeraient dans le respect de règles communautaires partagées assurant le bien-être et l’intérêt général. Tous les aspects traités par la RSE, du respect du travailleur dans ses droits humains au traitement des déchets en passant par la dénonciation de pratiques douteuses, concourent en effet à cet objectif ambitieux.
Maintenant dans un monde économique globalisé que l’OMC tend à chapeauter le jeu de la concurrence ne peut se développer que si tous les participants suivent grosso modo les mêmes règles. Quand en 1823 Webb Ellis au cours d’une partie de football ramassa le ballon et couru avec il ne jouait plus au même jeu que ses partenaires et inventa le rugby. Quand 200 ans plus tard une nation s’affranchit des règles sociétales, nécessairement coûteuses, en vigueur dans les pays occidentaux, elle peut être nettement plus compétitive.
La RSE est encore à ce stade une préoccupation que des riches veulent voir adopter par des pauvres. Certains trichent, comme la Chine, pour ne pas s’y soumettre et expliquer que le confucianisme marxiste autocratique n’est pas le capitalisme libéral démocratique, mais d’autres n’ont pas le choix au regard de leur niveau de développement et de PIB/habitant.
En somme la RSE est certainement universelle, mais cela va encore prendre un peu de temps pour que l’on puisse le constater.
Avocat au barreau de Paris, Associé RESPONSABLES