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Allégorie de la destruction d’un écosystème sociétal et environnemental : la dramatique histoire de l’île d’Haïti.

L’histoire de l’île d’Haïti est un condensé de ce qui peut sans doute être infligé de pire en termes de sur-exploitation sociétale et environnementale. La comparaison de ce qui a été imposé à ce territoire juste un peu plus petit que la Belgique pendant 500 ans avec la façon dont nous traitons chacun nos écosystèmes en fonction de nos métiers (les achats me concernant) est aisée.

L’exploitation par le rapport de force, sans recherche de création de valeur, sans régénération au sens propre comme au sens figuré, ne peut apporter que destruction et désastre. À Haïti, la situation continue de se dégrader, comme un avertissement des conséquences de ce que nous sommes en train d’infliger à nos écosystèmes. L’histoire éclaire certainement l’avenir, mais nous sommes des cancres qui refusons d’apprendre.

Voici en quelques lignes l’histoire tragique de ce territoire de la mer des Caraïbes, comme un condensé de ce qui nous attend à l’échelle de la planète.

Au moment de la découverte de l’île par Christophe Colomb, il nous est rapporté qu’elle était boisée sur environ 80 % de son territoire. La culture intensive du café au moment de la colonisation française, celle de l’hévéa développée par les Américains pendant la Seconde Guerre mondiale, puis l’exploitation industrielle du bois organisée par la famille Duvalier à la tête du pays ont appauvri les sols. Aujourd’hui, la forêt primaire a totalement disparu. Les nombreux cyclones qui s’abattent sur la région et leurs pluies diluviennes n’ont fait qu’accélérer le processus d’érosion provoqué par la déforestation. Ça, c’est pour la partie environnementale.

Pour la partie sociétale, le territoire, habité par les esclaves qui y ont été déportés en remplacement des populations primitives décimées par les conquistadors, obtient son indépendance en 1825 du roi Charles X contre une indemnité de 150 millions de francs or. Haïti était en effet considérée comme la plus riche des colonies françaises de l’époque, il fallait « compenser » la perte de revenus pour la France. Pour payer cette somme, Haïti emprunte aux banques françaises. Le pays n’a soldé sa dette envers son ancien colonisateur que dans les années 1950, après avoir continué à déboiser son territoire pour pouvoir faire rentrer des devises. Ces paiements ont fini de laminer l’économie du pays, ils lui ont coûté « entre 21 et 115 milliards de dollars en perte de croissance économique », selon une enquête récente du New York Times, qui évoque « une spirale d’endettement qui a paralysé le pays pendant plus d’un siècle ».

À chaque métier de prendre ses responsabilités. De mon côté, en tant que professionnelle des achats, je prône la méthode des achats régénératifs. Nous sommes allés trop loin en termes de destruction de valeur par la mise en place de négociations frontales, de sourcing « low cost country ».

Les écosystèmes fournisseurs des pays occidentaux doivent être régénérés, au risque de connaitre une nouvelle paralysie de l’économie à la prochaine crise sanitaire ou géo-politique. On ne pourra pas dire que l’on ne savait pas.

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Elvire Régnier-Lussier occupe depuis 30 ans des postes de direction achat en France, en Suisse et à New York. Elle promeut une approche régénérative des achats consistant à intégrer à l’operating model Achat la création de valeur et la RSE (site Regenerative-Advisory  https://rgn-advisory.com/). Elle collabore également comme Senior Advisor pour des cabinets de conseil en stratégie et enseigne les Achats Régénératifs au sein du Master Achat Supply Chain, ainsi qu’à la Grande École de l’Essec.

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