Depuis quelques semaines on voit fleurir des « tribunes » généralement portées par les écologistes pour vilipender les jets privés et les yachts, surtout les super yachts. Comme des mouvements du type « extinction rébellion » s’acharnent aussi à crever les pneus des 4×4 dans les grandes villes (plus Range Rover que Dacia) voire à percer les jacuzzis de propriétaires de chalets à la montagne on peut se demander si les « riches » ne sont pas dans le collimateur de ceux qui veulent être les héraults de l’environnement, du développement durable, de la sobriété énergétique en somme autant de caractéristiques qui participent de la RS Entreprise (propriétaires de jets ou de yachts ou de voitures de fonction) ou de la RS Personnelle (propriétaires de grosses cylindrées ou de chalets et autres résidences).
Il a toujours été de bon ton de pointer du doigt les riches ou super riches au nom d’une illégalité de traitement entre eux et ceux qui le sont moins ou peu. Enfant on m’a toujours expliqué que la jalousie était un vilain défaut, car il ne fallait pas regarder dans l’assiette de son voisin. Il semble pour le moins néfaste de voir se développer une pensée « anti-riches » dans notre pays. De mes études je me souviens des écrits de Max Weber et en particulier de « l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme » qui me fait parfois regretter que la Réforme n’ait pas triomphé en France, ce qui nous aurait guéris de cette si catholique réticence vis-à-vis de la richesse et de la réussite.
L’avantage des nombreuses tribunes publiées par les écologistes c’est de démontrer le caractère marxiste de leur pensée économique, oubliant que cette doctrine a plus ruiné qu’enrichi les pays qui l’ont adopté. La RSE ne signifie pas bannir ce que certains verraient comme des signes extérieurs de richesse – et donc de gâchis environnemental si on lit entre leurs lignes – et la responsabilité sociétale individuelle ne doit pas s’apparenter à un nivellement par le bas.
Cette approche revient à nier les côtés positifs de la réussite, de l’ambition, mais aussi de la dépense qui agit comme un multiplicateur keynésien de la richesse produite. Dieu merci que les « super-riches » achètent des super-yachts, des super-jets, des super-cars, des super-maisons et autres produits de super-luxe, car derrière eux il y a des centaines de milliers de personnes qui les produisent et sont payés pour cela. La vision à courte vue de quelques écologistes ne doit pas devenir la représentation de l’éthique ou de la normalité économique.
L’éthique et la normalité économique c’est que des entreprises se développent et soient bénéficiaires, que leurs salariés y soient intéressés, qu’un management performant soit rétribué à la hauteur de ses mérites en accord avec les décisions d’une assemblée générale, que les actionnaires touchent leurs dividendes. Et si tout cela nécessite un jet pour aller plus vite, car le temps c’est de l’argent ou qu’un actionnaire s’offre un super-yacht grand bien leur fasse !
À mon sens la bonne réflexion serait plutôt de mettre en place en France les mécanismes fiscaux qui permettraient aux très riches de nos compatriotes de se comporter comme leurs homologues américains qui, conscients que leurs dollars ne les suivront pas dans leurs tombes, s’en délestent au profit de fondations philanthropiques.
Avocat au barreau de Paris, Associé RESPONSABLES