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La COP28 et le défi de l’indépendance : repenser notre relation avec les produits pétrochimiques 

La COP28, dernière en date des conférences internationales sur le climat, a mis en lumière l’urgence d’agir face aux changements climatiques. Parmi les nombreux sujets abordés, la dépendance mondiale au pétrole est l’un des plus préoccupants. 

Depuis sa découverte au XIXe siècle, le pétrole est devenu bien plus qu’une simple ressource naturelle. Il a été le moteur de la révolution industrielle, transformant radicalement les sociétés et les économies à travers le monde. Les pays, en reconnaissant le potentiel du pétrole, ont rapidement intégré cet « or noir » dans leurs infrastructures, leurs industries et leurs modes de vie. Les villes se sont développées, les transports se sont diversifiés et la mondialisation a pris son envol.

Synonyme de progrès et d’innovation, le pétrole a été perçu pendant longtemps comme la clé d’un avenir prospère. Il a permis l’émergence de nouvelles technologies, facilité les voyages et les échanges internationaux, et a joué un rôle central dans de nombreux conflits géopolitiques. Cependant, cette dépendance au pétrole n’était pas sans conséquences. Les chocs pétroliers des années 1970, résultant de tensions politiques et de décisions stratégiques des pays producteurs, ont mis en lumière la vulnérabilité des économies fortement dépendantes du pétrole. 

1979 est une année charnière dans l’histoire de la consommation de pétrole. Malgré une croissance continue de la demande mondiale, la consommation moyenne par habitant a commencé à montrer des signes de ralentissement. Plusieurs facteurs ont contribué à ce changement. La crise pétrolière a incité les gouvernements et les industries à rechercher des alternatives et à investir dans des technologies plus économes en énergie. Parallèlement, une prise de conscience écologique a commencé à émerger, poussant les individus à réévaluer leur dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles et à envisager des modes de vie plus durables. 

Le pétrole, depuis sa découverte, s’est imposé comme une source d’énergie majeure pour la production thermique. Sa densité énergétique, sa facilité de transport et sa capacité à délivrer rapidement une grande quantité de chaleur en font un choix privilégié pour de nombreuses applications. En France, bien que des efforts aient été faits pour diversifier les sources d’énergie, notamment avec le nucléaire, le pétrole reste un élément clé du mix énergétique, en particulier pour le chauffage dans certaines régions. Cependant, dans de nombreux pays, notamment ceux sans accès à d’autres sources d’énergie, la dépendance au pétrole pour le chauffage est encore plus marquée, rendant ces régions particulièrement vulnérables aux fluctuations des prix du pétrole. 

Le secteur des transports est sans doute celui où la dépendance au pétrole est la plus manifeste. Que ce soit pour les voitures, les camions, les avions ou les navires, le pétrole est la source d’énergie dominante. Son aptitude à fournir une grande quantité d’énergie dans un petit volume en fait le carburant de choix pour les transports aériens et maritimes. Bien que des alternatives commencent à émerger, surtout avec les véhicules électriques pour le transport routier, le pétrole reste prédominant à l’échelle mondiale. Les défis associés à la recherche d’alternatives viables pour les transports aériens et maritimes sont particulièrement complexes, compte tenu des besoins énergétiques spécifiques de ces modes de transport. 

Au-delà de son rôle en tant que carburant, le pétrole est un élément fondamental de l’industrie pétrochimique. Il est la matière première de nombreux produits qui façonnent notre quotidien. Les chaudières industrielles, par exemple, dépendent du pétrole pour produire la chaleur nécessaire à de nombreux processus industriels. De plus, le pétrole est transformé en une multitude de produits : des plastiques que nous utilisons tous les jours, aux huiles qui lubrifient nos machines, en passant par les détergents qui nettoient nos vêtements et les engrais qui nourrissent nos cultures. Même le bitume qui recouvre nos routes est un dérivé du pétrole. Cette omniprésence du pétrole dans l’industrie souligne l’ampleur du défi que représente la transition vers des alternatives plus durables. 

Ainsi, le pétrole, au-delà de sa fonction énergétique, est profondément ancré dans notre quotidien, façonnant de nombreux aspects de notre vie moderne. Mais cette dépendance, et les produits fatals qui en découlent ont un coût environnemental que nous ne pouvons plus ignorer. 

Face à la prise de conscience croissante des impacts environnementaux et économiques de notre dépendance au pétrole, de nombreuses alternatives émergent pour remplacer ou réduire l’utilisation de produits pétrochimiques dans divers domaines. 

Parmi ces alternatives, les bioplastiques se distinguent comme une solution prometteuse. Fabriqués à partir de ressources renouvelables comme l’amidon de maïs ou la canne à sucre, ils offrent une alternative plus écologique aux plastiques traditionnels. Cependant, bien que les bioplastiques soient souvent présentés comme biodégradables, cette caractéristique est parfois discutée, et il est essentiel de considérer leur cycle de vie complet pour évaluer leur impact environnemental. 

En parallèle, dans le domaine du textile, les textiles naturels tels que le coton, la laine ou la soie reviennent sur le devant de la scène. Ces matériaux, bien que renouvelables, ne sont pas sans défis. Par exemple, la culture du coton peut nécessiter d’importantes quantités d’eau et de pesticides, soulevant des préoccupations environnementales. Il est donc crucial de promouvoir des pratiques agricoles durables pour ces textiles. 

En ce qui concerne l’électronique, un domaine traditionnellement dépendant des dérivés pétrochimiques, des initiatives voient le jour avec des produits électroniques éco-conçus. De plus en plus de fabricants cherchent à minimiser l’empreinte carbone de leurs produits, en réduisant leur dépendance au pétrole et en favorisant la recyclabilité. 

Dans le secteur de la beauté et de l’hygiène, les cosmétiques et produits d’hygiène naturels connaissent une popularité croissante. Les consommateurs, de plus en plus soucieux de leur santé et de l’environnement, se tournent vers des produits formulés sans dérivés pétrochimiques et avec des ingrédients naturels. 

Enfin, pour ce qui est de l’entretien de nos foyers, les produits ménagers écologiques gagnent du terrain. Formulés à partir d’ingrédients naturels, ils sont souvent conçus pour être biodégradables, réduisant ainsi leur impact sur l’environnement. 

Alors que notre monde cherche à réduire sa dépendance au pétrole, de nombreuses alternatives voient le jour, offrant espoir et perspectives pour un avenir plus durable. 

La production excessive des produits issus de l’extraction du pétrole n’est pas simplement le résultat de choix de consommation individuels, mais est intrinsèquement liée à notre dépendance générale au pétrole. Tant que notre société continuera de s’appuyer massivement sur le pétrole pour répondre à ses besoins fondamentaux, les productions fatales persisteront, et la majorité ne sera pas recyclée. La solution au problème de l’usage de ces produits « avals » dépasse donc la simple adoption d’un mode de vie zéro déchet et nécessite une transition énergétique globale.  

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Expert-comptable et commissaire aux comptes, Insead, IMD Lausanne, analyste financier diplômé de la SFAF, Stéphane BELLANGER enseigne régulièrement depuis 2014 l’audit, les normes internationales de comptabilité, la comptabilité de gestion ou l’évaluation et la finance d’entreprise. Il est également auteur d’ouvrages, expert et partenaire d’incubateurs d’écoles de commerce et de management. Sa marotte est la déontologie et l’éthique

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