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Les nouvelles dynamiques qui façonnent le mécénat en France

La 6ème édition du panorama des fondations et fonds de dotation d’entreprises, réalisé par Les entreprises pour la Cité, le Centre Français des Fonds et Fondations et EY SERVICES FRANCE, témoigne d’une belle progression des initiatives mécénat en France. En 2024, le secteur enregistre une augmentation de 12 % par rapport à 2022, atteignant 7 392 structures. Ce dynamisme est notamment porté par les ETI et PME, qui montrent un intérêt croissant pour des outils de mécénat formalisés et structurés.

La montée en puissance des budgets alloués, avec un budget annuel moyen de +2M€ (vs 1,7M€ en 2022), souligne également l’importance que les entreprises accordent au mécénat. Cependant, il existe de grandes disparités, les budgets allant de 40K€ à 50M€, ce qui traduit une diversité dans les moyens et les ambitions des entreprises mécènes.

Simply for Good – Conseil en Mécénat d’entreprise a décrypté ce riche panorama 2024 et vous en propose une synthèse en 10 points saillants :

Les 3 enjeux du mécénat : l’humain, la réputation et l’ancrage territorial

  • Pour les ¾ des fondations et fonds de dotation d’entreprises, le mécénat contribue à renforcer la cohésion interne, développer un sentiment d’appartenance, fidéliser les talents, tout en améliorant la marque employeur.
  • La réputation de l’entreprise s’avère également cruciale, avec 65 % des répondants qui considèrent cet enjeu comme prioritaire. Être visible et reconnu pour son engagement, tout en évitant le potentiel social ou greenwashing, ou le mécénat compensatoire, reste un enjeu fort et complexe.
  • Enfin, le développement d’un ancrage territorial permet aux entreprises d’intégrer leurs actions mécénat dans un écosystème local. Ce lien avec le territoire, qui répond aussi à des enjeux de communication, est perçu comme essentiel pour s’implanter de manière durable et créer un impact plus pertinent.

Des liens renforcés avec l’entreprise fondatrice

  • 51 % des fondations et fonds de dotation sont encore rattachés à la Présidence ou à la Direction générale de l’entreprise fondatrice, renforçant ainsi le lien stratégique avec la société mère.
  • Cependant, on observe une montée en puissance de l’intégration dans les départements RSE (25 % vs 18 % en 2022) et dans les directions de l’engagement (9 % vs 7 % en 2022). Ce rattachement croissant reflète une volonté de coordonner les engagements volontaires des entreprises avec leurs obligations réglementaires, afin de maximiser leur impact social et environnemental. Cette structuration permet d’aligner plus efficacement les objectifs mécénat avec la stratégie de l’entreprise.
  • 74 % des entreprises interrogées disposent d’une politique de mécénat formalisée, une progression de 2 points depuis 2022, illustrant une professionnalisation accrue du secteur. Ce processus de formalisation des actions permet aux entreprises de mieux aligner leur mécénat avec leurs valeurs, facilitant ainsi l’implication des collaborateurs notamment via du mécénat de compétences.

L’engagement des collaborateurs comme levier d’impact et de performance

La mobilisation des collaborateurs dans les actions de mécénat devient un levier stratégique de plus en plus important pour les entreprises mécènes.

  • Pour 89 % des entreprises, l’implication des collaborateurs joue un rôle dans leur fidélisation (+7 points vs 2022) et pour 79 %, elle contribue à attirer de nouveaux talents. Elle devient un enjeu de « marque employeur » de plus en plus prégnant.
  • 86 % des entreprises proposent des opportunités d’engagement à leurs collaborateurs, sous diverses formes (+70%), et encouragent des initiatives personnalisées, adaptées aux envies, compétences et disponibilités individuelles.
  • 72 % proposent des actions collectives ponctuelles (+3 points vs 2022) et 66 % permettent à leurs collaborateurs de proposer des projets ou de s’impliquer dans le processus de sélection des projets.
  • 37 % des répondants ont mis en place une plateforme d’engagement pour mobiliser leurs équipes (+2 points vs 2022). Ceux qui n’ont pas fait ce choix évoquent plusieurs raisons : le coût, le manque de temps ou de ressources humaines pour animer une plateforme, la volonté de privilégier le contact humain vs une solution numérique.

Le développement de l’ancrage territorial pour renforcer les liens avec les écosystèmes locaux

  • 64 % des structures l’intègrent dans leurs statuts et critères d’éligibilité, faisant de l’ancrage territorial une composante essentielle de leurs stratégies mécénat.
  • 58 % déclarent privilégier le soutien de projets situés à proximité de leurs implantations géographiques, favorisant ainsi le développement de partenariats locaux et le lien avec les territoires où elles sont présentes. Cette stratégie répond à la fois à des enjeux sociaux, en soutenant les besoins locaux, et à la volonté de renforcer l’implication de leurs collaborateurs.
  • 37 % des structures prennent part à des actions collectives avec des collectivités territoriales, illustrant l’importance de la collaboration avec les acteurs publics pour mieux répondre aux besoins spécifiques des communautés locales.

Les causes soutenues : focus sur l’action sociale, l’éducation, l’insertion et l’environnement

  • Le trio de tête des causes soutenues reste inchangé, avec l’action sociale (62 %), l’insertion professionnelle (53 %) et l’éducation (51 %).
  • L’environnement a gagné en importance, passant de la 7ème à la 4ème place en deux ans, ce qui reflète une prise de conscience accrue de l’urgence climatique et environnementale.
  • 83 % des structures interrogées font du mécénat croisé : leurs actions couvrent plusieurs domaines d’intervention en même temps (éducation/culture par exemple). Cette approche reflète la recherche du « double impact » de la part des entreprises, se limitant de moins en moins à un seul domaine, surtout lorsque les champs d’intervention sont interconnectés et non hiérarchisés.

Les modalités de soutien : vers un mécénat hybride et pluriannuel

  • Les entreprises adoptent de plus en plus une approche hybride, combinant soutien financier, mécénat de compétences et dons en nature. Cette diversification des modalités d’intervention témoigne d’une volonté de répondre aux besoins variés des associations, tout en capitalisant sur les compétences spécifiques de leurs collaborateurs.
  • 83 % des entreprises privilégient un soutien pluriannuel, offrant ainsi aux partenaires un accompagnement stable et durable. Seules 10 % des structures accompagnent leurs partenaires sur une durée supérieure à trois ans.
  • De nombreuses entreprises cherchent à concentrer leurs ressources sur un nombre restreint de projets, allouant des financements plus conséquents. Cette stratégie témoigne d’une maturité croissante dans la gestion des projets, avec une attention particulière portée à l’efficacité et à l’impact.
  • 73 % des entreprises privilégient la sélection des projets en interne, et via leurs collaborateurs (39 %). Les appels à projets ponctuels ou réguliers sont en légère baisse (52 %).
  • Les fonds et fondations sont de plus en plus nombreux à devenir des structures opératrices (40 % vs 29 % en 2022), notamment pour accroître leur impact avec des projets « cousus main ».

Le mécénat collectif en légère croissance : une stratégie orientée vers les territoires

  • 40 % des entreprises ont déjà participé à des initiatives collectives. Ce modèle, qui se développe lentement mais sûrement, implique que l’ensemble des mécènes se retrouvent autour d’une vision et d’une définition communes des besoins identifiés, d’une gouvernance partagée, et du co-pilotage des projets soutenus.
  • 34 % des entreprises font partie d’un collectif de mécènes à l’échelle de leur territoire d’implantation, afin d’optimiser leur impact social ou environnemental, de renforcer les liens avec d’autres acteurs de l’écosystème, et de gagner en expérience. Néanmoins, le mécénat collectif reste une pratique complexe qui exige de privilégier la coopération à la compétition, et de repenser les relations entre entreprises et associations.

L’évaluation d’impact pour renforcer l’efficacité des actions

  • +50 % des entreprises ont déjà déployé une démarche d’évaluation sur les projets ou programmes soutenus (39 %), ou sur l’ensemble de la structure elle-même (13 %).
  • Cette approche permet d’améliorer le pilotage de leurs activités (74 %), d’être plus efficientes dans l’allocation des dons (70 %), de justifier des moyens qui leur sont alloués (68 %), de valoriser leurs actions (67 %) et de réorienter, voire monter en puissance, la stratégie de leur structure (59 %).

La communication : une difficulté à se positionner en interne comme en externe

  • De manière générale, les fonds et fondations d’entreprises gèrent par eux-mêmes leur communication.
  • Le premier objectif en interne et en externe est de valoriser les associations bénéficiaires.
  • Les 3 canaux de communication privilégiés sont les réseaux sociaux (93 %), leur site internet (87 %) et l’intranet (69 %). On observe une augmentation de l’affichage sur les lieux de travail (48 % vs 40 % en 2022), sans doute consécutive à la réouverture des bureaux après la pandémie de Covid-19.

Les moyens humains : un mix petite équipe dédiée et ressources partagées

  • 3 personnes en équivalent temps plein : c’est en moyenne l’équipe dédiée des fondations et fonds de dotation d’entreprises. Soit un délégué général, un chargé de projets, et un responsable communication.
  • 57 % des structures bénéficient de la mise à disposition gracieuse de personnel par l’entreprise, un soutien essentiel pour renforcer la mise en œuvre et l’efficacité de leurs actions. A noter cependant une baisse de 5 points vs 2022 de cette mise à disposition gracieuse, et une hausse de 6 points de la mise à disposition refacturée à la structure.

En 2024, les fonds et fondations créés par des entreprises confirment leur maturité croissante avec des stratégies mécénat plus structurées, intégrées aux stratégies d’entreprise et ancrées dans les territoires. Avec une approche hybride, des partenariats renforcés, et une implication des collaborateurs de plus en plus considérée comme un levier stratégique, elles se donnent les moyens d’accroître leur impact social et environnemental, affirmant ainsi leur rôle essentiel dans la création d’un avenir plus durable et solidaire.

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Fondatrice de Simply for Good dont la mission est de conseiller et d’accompagner opérationnellement les entreprises dans la construction, la structuration ou la montée en puissance de leur stratégie mécénat.

Quelle que soit leur taille, les entreprises peuvent toujours mieux et plus s’engager, et engager leurs collaborateurs, face aux grands défis sociaux et environnementaux. Et faire ainsi du mécénat un véritable levier d’impact positif sur leurs territoires, collaborateurs, image de marque et attractivité (candidats, clients…).

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