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Empreinte carbone, empreinte sociale, des concepts dépassés

Les Trente Insouciantes (1990-2020) ont contribué à créer des indicateurs de riches, d’enfants gâtés, car tout était abondant, l’argent comme les matières et les Hommes.

L’empreinte carbone : un résumé du résumé

L’empreinte carbone est un indicateur qui mesure sur l’environnement une activité, ou plutôt qui mesure les gaz à effet de serre ou plutôt qui exprime les GES en dioxyde de carbone équivalent ou CO2 et donc laisse de côté les 5 autres GES.
C’est plus simple !

C’est tellement simple que cela en devient simpliste, car le carbone ramène aux énergies carbonées (charbon, pétrole, gaz, lignite) en oubliant pour commencer que pour décarboner il faut – pour la proposition de produire de l’électricité par des énergies dites renouvelables – des matières en quantité limitée connue aujourd’hui comme le fer, le cuivre, le lithium, le cobalt, etc., et bien sûr les terres rares.
On aurait dû créer l’empreinte « matière première » !

L’empreinte sociale renvoie à l’entreprise

La crise économique de 2008 a conduit à créer l’empreinte sociale avec une erreur initiatique : c’est la société en tant qu’entreprise et non la société en tant qu’ensemble des individus qui est responsable. La RSE qui est devenue le concept consacré, impute à l’entreprise sa part de responsabilité sur l’économie, le social, l’environnement avec un objectif phare : la neutralité carbone.

Par la suite, la RSE s’est déclinée sur les collectivités orientées sur le développement durable (déchets, eau, logement, pauvreté, transports, santé…) qui est une interprétation « citoyenne » de la RSE d’entreprise.
En tout état de cause justement, le citoyen ou le salarié est impacté et non acteur de l’empreinte sociale ou plutôt sociétale.

L’explosion du système

Nous vivons l’explosion du système parce que nous sommes moins riches (disons plus justes financièrement), plus âgés et moins nombreux dans certains pays.
Imaginons que nous aurions créé l’empreinte matière première et l’empreinte sociétale, de l’individu…

Nous ne mettrions pas à la casse des millions de voitures qui peuvent encore rouler 5 ou 10 ans et consommer moins de carbone en fin de vie que les voitures électriques dont la moitié des composants sont produits en Chine : l’empreinte matière première et l’empreinte sociale (casse sociale de l’industrie automobile) sont totalement ignorées ou sous-estimées.

Nous ne développerions pas une alimentation fondée sur des intrants et des produits circulant dans le monde entier par tous moyens au détriment de l’empreinte matière première et bien sûr de l’empreinte sociétale et notamment les agriculteurs.

Les Trente Insouciantes (1990-2020) se sont fondées sur des matières infinies (à peine a-t-on perçu le Peak of Oil que les schistes bitumineux ont effacé… un moment) et sur une adaptation forcée de l’Homme à un monde « nouveau et merveilleux ».

Certes, en 2020 on vit plus vieux, plus riche, mieux instruit, en meilleure santé… qu’en 1990, mais il n’y a pas de moule unique. L’université n’est pas le but ultime de chaque Terrien. Le bonheur, c’est aussi une vie qui récompense son travail.

2020-2050 réussira si l’Homme s’épanouit sur Terre ET si la Terre s’épanouit avec l’Homme. Comme le pari n’est pas encore gagné, 2020-2050 sont les Trente terribles.

Je repars en plongée.

Plus de publications

Philippe Cahen est un prospectiviste reconnu par les entreprises.
Sa méthode est fondée sur l’anticipation et la détection des signaux faibles, et les réponses que doivent préparer les entreprises.
Editeur de « La lettre des Signaux Faibles », depuis 2003 et de « Méthode & Pratiques de la prospective par les signaux faibles », éd. Kawa.
Dernier livre : « Le chaos de la prospective et comment s’en sortir », éd. Kawa

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