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La RSE et le Management Public

Les acteurs de la fonction publique incarnent l’essence de notre modèle de société et offrent un cadre d’analyse révélateur de la place de l’État auprès de ses citoyens. Ils se portent garants de la mise en œuvre de la RSE sur le territoire français et se veulent exemplaires dans la démarche.

Pour rappel, la fonction publique s’entend comme un ensemble d’agents, titulaires et contractuels, occupant un poste au sein de la fonction publique d’État, d’une collectivité territoriale, ou des établissements publics de santé. Elle offre diverses modalités de mise en œuvre de la RSE, toutes orientées dans la recherche de l’intérêt général. Soulignons que certaines missions de service public sont remplies par des entreprises publiques comme La Poste, la SNCF ou encore EDF. Nous détectons trois enjeux forts dans la RSE publique.

Concernant le premier enjeu de Responsabilité, l’État français s’engage au niveau mondial par l’animation de la COP 27 de 2022 en Égypte afin d’encourager les financements innovants pour préserver notre environnement. Au niveau des territoires, les collectivités territoriales se lancent dans la mise en place d’indicateurs pour évaluer leur performance sur les Objectifs de Développement Durable (ODD).

Les objectifs premiers étant d’assurer l’équité dans l’accès à ces innovations et la solidarité entre les acteurs sur le territoire national. La Responsabilité se veut incarnée par les pouvoirs publics, en tant que structures exemplaires pour les citoyens français. Cette dernière est portée désormais par la mise en œuvre d’un leadership public responsable, chargé de garantir la RSE sur le long terme.

Concernant le deuxième enjeu de performance sociale, on peut lire dans le rapport annuel de la fonction publique, publié en 2022, que la Direction Générale de l’Administration et de la Fonction Publique (DGAFP) développe une stratégie territoriale RH qui s’articule autour de 4 aspects principaux : l’attractivité de la fonction publique, la possibilité de mettre en place des mobilités fonctionnelles, l’accès à la formation continue aux agents publics pour monter en compétences et accompagner le changement dans les manières de travailler.

Après avoir mis en œuvre une directive visant à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux depuis 2008 avec la RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques), les limites de cette politique se font désormais ressentir avec fracas. En effet, la fonction publique cherche à se réinventer pour redevenir attractive auprès des jeunes, car elle souffre d’un manque de salariés dans plusieurs secteurs clés de l’économie comme la santé, l’éducation ou encore la sécurité. Les salaires et les conditions d’emploi dans ces secteurs publics sont défavorables, car l’indice de rémunération des agents publics n’a pas évolué en suivant l’inflation depuis des décennies et le manque de moyens empêche les salariés de travailler dans de bonnes conditions. Le gouvernement va devoir se positionner sur ces aspects sociaux cruciaux.

Finalement, le troisième enjeu concerne l’Entreprise. Pour autant, dans la fonction publique, on va davantage s’intéresser au territoire aussi il semble plus adapté de parler de RST, c’est-à-dire de Responsabilité Sociale des Territoires. La RST se différencie de la RSE dans la mesure où elle s’intéresse au territoire et dépasse le cadre d’analyse classique de l’Entreprise. Le territoire semble être le niveau d’approche théorique et empirique le plus adapté à la fonction publique, qui a pour mission de générer de la performance globale, partagée sur un territoire. Les Territoires se trouvent au cœur des enjeux de la fonction publique.

Cela concerne leur développement, leur dynamisme ou encore leur attractivité. La RST se définit comme la capacité à contribuer (de manière plus ou moins maîtrisée) et à générer de la performance globale à l’échelle d’un territoire, par la mobilisation de l’ensemble des ressources disponibles (humaines, géographiques, environnementales, économiques, organisationnelles, politiques…) à destination de ces mêmes ressources, tout en maitrisant les risques associés à ces activités. La RST répond à une volonté des citoyens, des pouvoirs publics et des organisations de s’insérer sur un territoire et de promouvoir le mieux-vivre ensemble.

La matrice stratégique de la RST propose un pilotage stratégique à la fois interne, mais aussi externe. Les niveaux internes concernent les pratiques managériales à mettre en œuvre pour gérer la qualité de la relation à l’emploi pour les individus, la dynamique des groupes pour les équipes de travail, le mode de pilotage de la gouvernance. Les niveaux externes renvoient aux synergies à mettre en œuvre avec les partenaires externes clés, propose une approche systémique particulièrement adaptée aux territoires. Ainsi lutter contre le gaspillage énergétique présuppose d’engager une mobilisation collective des citoyens, entreprises, acteurs publics, acteurs de l’ESS (Économie Sociale et Solidaire) afin de trouver des solutions réalistes et pérennes. Le cloisonnement de ces acteurs clés de l’économie nationale ou encore les rivalités ne permettront pas d’apporter les réponses attendues.

Goujon Belghit, A., Husser, J., & Sefiani, S. (2022). Management du capital humain ou des talents ? Proposition d’un modèle intégrateur. Marché et organisations, (2), 145-168.

Goujon Belghit, A. (2023). Gestion des risques et politique RSE sur un territoire : de la RSE à la RST/DD. Revue Management et Sciences Sociales, n° 34.

Goujon Belghit, A., Husser, J., Cuenoud T., & Sefiani, S. (2023). La matrice de la gestion stratégique managériale : le cas d’une association du secteur social. Revue des Sciences de Gestion.

Plus de publications

Anne Goujon Belghit est maître de conférences HDR à l’Université de Bordeaux France. Membre de l’IRGO, elle fait partie de l’équipe de recherche RH et de l’axe RSE Non Marchand. Ses travaux concernent 3 champs spécifiques : la RSE, la relation à l’emploi et le capital humain. Elle enseigne le comportement organisationnel, la gestion des ressources humaines, la gestion des carrières et les enjeux de l’ESS. Elle est rédactrice de la revue VSE (Vie & Sciences de l’Entreprise). Elle a écrit de nombreux articles académiques internationaux sur la RSE et sur l’ESS.

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