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Vision RSE 2026 : Dream…Baby…Dream

L’histoire retiendra peut-être l’année 2025 comme celle des grands reculs en RSE. En début d’année, Donald Trump, de retour à la Maison Blanche, ordonne la coupure des satellites de la NASA mesurant le CO₂ (1), privant le monde d’un outil clé pour comprendre l’urgence climatique. En juin, la 3e Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC-3) à Nice s’est achevée sur un échec cuisant : malgré des débats riches, aucun accord contraignant n’a émergé pour endiguer le tsunami plastique (2). Le 13 novembre, l’Union européenne a adopté un vote omnibus dévastateur, dévidant méthodiquement la CSRD, ce socle réglementaire censé imposer transparence et responsabilité aux entreprises.  Une trentième COP au cœur du poumon de la planète, se termine avec un goût d’échec programmé, où les intérêts économiques ont, une fois de plus, étouffé les ambitions climatiques. 2025 restera aussi l’année de l’explosion de multiples records de température sur le globe. Boire un verre en terrasse à Biarritz à 29°c (3) en novembre ne choquant (quasiment) plus personne…heureusement que le Dr Serge Zaka est là pour nous le rappeler.

Pourtant, au milieu de ce chaos, une question persiste : et si notre vrai problème n’était pas l’absence de solutions et leur mise en action, mais l’incapacité à nous projeter dans un futur désirable ? Et si, face à l’effondrement des certitudes, il ne nous restait plus qu’une issue : rêver ? Réinventer nos modèles, nos économies, nos façons de vivre ensemble comme vœu de la saint Sylvestre 2026 ?

L’inaction malgré la connaissance

Les rapports s’accumulent, l’inaction (film du même nom (4)) collective aussi. Le consommateur, lui, semble être devenu un champion de la dissonance cognitive. Il connaît les enjeux mais n’active pas le processus de conduite du changement. Et quand il ouvre les yeux et ose questionner les marques, on lui répond avec un sourire qu’il « n’a pas bien compris ». Synthèse ironique du procès de l’affaire Perrier dans laquelle, malgré les révélations sur les traitements interdits et les campagnes d’information truquées, la justice a conclu sur « chers clients, vous êtes bien informés c’est écrit en tout petit ».

Face à cette paralysie, la métaphore de Nathanaël Wallenhorst prend tout son sens : nos sociétés ressemblent à un corps rongé par un cancer généralisé. On soigne les symptômes un par un, une loi sur les déchets ici, un accord climatique là, sans jamais s’attaquer à la tumeur : un système économique qui confond croissance et santé, performance et prédation. Son approche (5), radicale, nous force à un diagnostic sans concession : et si certaines « solutions » n’étaient que des pansements sur une jambe de bois ? Et si, pour guérir, il fallait d’abord oser rêver autre chose ? Pas un rêve naïf, mais une vision systémique, celle qui relie la crise climatique à la crise sociale, la surconsommation à la solitude, l’urgence écologique à la quête de sens.

Quand le rêve devient méthode

Et si les fous qui osent rêver étaient les seuls réalistes ? C’est la thèse de Navi Radjou, pour qui la transition ne viendra ni des sommets internationaux ni des géants paralysés, mais de ces innovateurs frugaux qui, partout dans le monde, transforment les contraintes en opportunités. Dans son dernier livre ‘Economie Frugale’ (6), il montre que nous n’avons pas besoin d’attendre un traité mondial sur le plastique quand, en Inde, des startups recyclent les déchets en matériaux de construction, ou qu’en Afrique, des coopératives agricoles nourrissent des villes entières avec des techniques low-tech. Leur secret ? Une méthode en trois temps : voir grand, agir petit, et fédérer vite. Radjou le martèle : « La frugalité n’est pas une contrainte, mais un terreau d’innovation » une façon de faire mieux avec moins, en s’appuyant sur l’ingéniosité collective plutôt que sur des ressources soi-disant illimitées.

Force est de constater que le rêve peut devenir le protocole : la plateforme « Accélérons ! » initié par le Pacte Mondial de l’ONU (7), qui accompagne les entreprises françaises pour traduire les ODD en actions concrètes est en cours de devenir une bible. Des PME qui réduisent leurs déchets de 80 %, des villes qui réinventent leurs circuits alimentaires, des banques qui financent la sobriété… Ces initiatives, souvent discrètes, dessinent déjà les contours d’une économie résiliente, inclusive et désirable. Et si la clé de 2026 était là ? Tout simplement….

2026 : l’année où tout commence

« Le futur n’est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons faire. » Cette phrase d’Henri Bergson résume l’esprit de l’époque : après les reculs de 2025, 2026 sera, je l’espère très fort, l’année où le rêve devient un plan d’action. Les solutions existent, frugales, collaboratives, audacieuses. Il ne manque plus que nous : entreprises, citoyens, rêveurs en mouvement. Et si le monde de demain était déjà entre nos mains ? Et si la RSE c’était Redonner du Sens Ensemble ?

1 – https://www.npr.org/2025/08/04/nx-s1-5453731/nasa-carbon-dioxide-satellite-mission-threatened

2 – https://lejournal.cnrs.fr/articles/recyclage-du-plastique-une-solution-contre-productive

3 – https://www.linkedin.com/posts/sergezaka_depuis-hier-sur-facebook-et-twitterx-activity-7394804689466200066-f8UM?utm_source=share&utm_medium=member_desktop&rcm=ACoAAA1R3bIBiDWC0M4JLIASjx4FEtpFuaKbcFk

4 – https://www.inaction-film.com

5 – https://nathanaelwallenhorst.com/ et livre ‘2049 Ce que le climat va faire à l’Europe’

6 – https://www.wedemain.fr/economie-responsable/navi-radjou-leconomie-frugale-ce-nest-pas-une-punition-cest-une-croissance-regenerative-1132363

7 – https://accelerons-rse.org/a-propos/

Plus de publications

Sébastien BOLLE est président de l'association RESO2D. Structure engagée dans la pédagogie de la RSE, des ODD auprès des citoyennes et citoyens.
Au quotidien, chargé de mission ESG, il a à cœur d'accompagner les changements de modèles. Vacataire à l'école centrale de Nantes, il partage quelques clés pour un monde durable auprès des jeunes publics. Il anime des conférences sur le territoire nantais où il est ambassadeur de la plateforme RSE depuis 11 ans.

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